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JEAN BAPTISTE
A OUVERT LE CHEMIN
POUR JÉSUS

Le précurseur Jean Baptiste a ouvert le chemin pour Jésus qu'il a baptisé

Jésus est baptisé par Jean le Baptiste dans le Jourdain. L'Esprit Saint de Dieu descend sur lui, signifiant ainsi sa prééminence.

Jean le Baptiste est appelé le précurseur car il a préparé le terrain avant le début de la vie publique de Jésus en prêchant repentir et conversion, sans concession aucune et avec vigueur, vivant de sauterelles et de miel dans le désert de Judée. Il annonçait la venue de « Celui dont il n'était pas digne de dénouer la courroie des sandales » et qui « baptiserait dans le feu », tandis qu'il baptisait, lui, avec l'eau.

Sommaire de la page

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Il a préparé le début de la vie publique de Jésus en prêchant repentir et conversion, puis s'est effacé avant de mourir décapité.

  • Court résumé de la vie de Jean le Baptiste

  • Histoire de Jean Baptiste, plus détaillée

  • Salomé (qui demanda la tête de Jean Baptiste sur un plat à Hérode) en images

  • Évangiles commentés sur le thème de Jean le Baptiste

Court résumé sur la vie de Jean Baptiste

Icône Jean Baptiste qui baptise Jésus au Jourdain

Dieu était intervenu dans sa conception et en avait averti son père, Zacharie, alors qu'il était en service au Temple de Jérusalem, par le biais d'un ange. Sa mère, Élisabeth était stérile et, comme son mari, âgée lorsqu'elle s'est trouvée enceinte de lui. Elle était cousine de la mère de Jésus, la Vierge Marie, cette dernière venant l'assister à trois mois de l'accouchement après avoir reçu elle-même la visite d'un ange lui annonçant qu'elle allait concevoir le Fils de Dieu. Alors que Marie arrivait au domicile d'Élisabeth et qu'elles se saluaient, Jean Baptiste avait tressailli dans le ventre de sa mère, ressentant la proximité de Jésus déjà conçu dans les entrailles de la Vierge. En même temps, l'Esprit Saint de Dieu révélait à Élisabeth quel enfant portait Marie : le Fils de Dieu.

Jean Baptiste baptisait sur les rives du Jourdain et au moins en un autre lieu de Palestine. Il a eu le privilège de baptiser Jésus – qui n'en avait nullement besoin mais qui a souhaité agir comme les autres personnes présentes au bord du Jourdain. À l'arrivée de Jésus, il s'est effacé, continuant toutefois à parler avec franchise à tous, y compris aux puissants, notamment Hérode, qui vivait avec la femme de son frère. Cette dernière haïssait Jean Baptiste à cause de ses reproches concernant sa conduite et parviendra, par le biais de sa fille et en raison de l'orgueil d'Hérode, à faire en sorte que ce dernier, qui pour l'appréciait, le fasse décapiter.

James Tissot baptême de Jésus par Jean Baptiste
Jésus dans le Jourdain

Histoire de Jean Baptiste plus détaillée

Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le

Dans le « spectacle » de la Bonne Nouvelle, Jean Baptiste assure la « première partie ». Saint Jean-Baptiste est appelé le précurseur.  Précurseur de Jésus. Comme Dieu l'a annoncé dans l'Ancien Testament, Jean Baptiste préparera le peuple israélite à se convertir, se repentir pour mieux accueillir Jésus, dont il dira : « Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. »

 

Sa mère, Élisabeth, est parente de la Vierge Marie. Âgée, elle n'a pas eu d'enfant. Son mari, Zacharie, est lévite et officie comme Prêtre, et parfois Grand Prêtre, au Temple de Jérusalem. Des gens pieux, justes et mettant en pratique la Parole de Dieu. Ils vivent à Ein Kerem, à peu de distance de Jérusalem. Ils regrettent cependant que Dieu ne leur ai pas donné d'enfant.

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Alors qu'il officie comme Grand Prêtre au Temple, Zacharie reçoit d'un ange de Dieu le message qu'il va avoir un fils. Ce fils devra être nommé Jean et sera le précurseur du Messie tant attendu d'Israël. Zacharie formule une réponse démontrant qu'il ne croit pas à cette parole car il se pense trop vieux pour pouvoir encore avoir un enfant. Dieu le rend immédiatement muet pour n'avoir pas cru en le fait que rien n'est impossible à Dieu. 

Élisabeth est rapidement enceinte.

 

Six mois plus tard, à Nazareth, la Vierge Marie reçoit elle-même la visite de l'ange : Dieu lui demande d'être la mère du Messie. Contrairement à Zacharie, elle croit que Dieu peut lui faire porter un enfant alors qu'elle ne « connaît pas d'homme ».  Car bien que fiancée à Joseph, ce qui équivaut au mariage chez les juifs, elle est, souhaite rester, et restera vierge. Elle donne son accord. L'ange lui précise que sa parente Élisabeth, bien que trop âgée pour concevoir, en est à son sixième mois de grossesse. 


Marie file à Ein Kerem, non pas pour avoir confirmation des dires de l'ange, car Marie a une foi inébranlable, mais pour, vite, aller rendre service à sa parente. Or, à peine les deux femmes sont-elles face à face pour se saluer, que Jean le Baptiste tressaille puissamment dans son sein et l'Esprit Saint révèle à Elisabeth que celle qui lui fait face est Immensément Sainte car elle porte le Fils de Dieu.
Marie apporte une aide précieuse à Élisabeth, dont la grossesse est plus difficile vu son âge avancé, durant les 3 mois de grossesse restants. L'enfant naît et son père confirme le nom choisi par Dieu en l'écrivain sur une tablette  : Jean. Aussitôt, il recouvre la parole. Car Dieu n'est pas rancunier et ne permet des choses désagréables que dans l'optique de faire grandir la personne et d'avoir toujours plus confiance en Lui.

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Quelque six mois plus tard naîtra Jésus. Qui restera avec ses parents à Nazareth, dans l'anonymat le plus complet, pendant 30 ans.

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Jean le Baptiste est le prophète qui a annoncé à des foules de plus en plus nombreuses, la venue de Jésus Fils de Dieu, juste avant que Jésus ne démarre son ministère public, à 30 ans. Il a commencé à baptiser les gens dans l'eau du fleuve Jourdain en les incitant à se repentir de leurs fautes. Hirsute, se nourrissant de miel et de sauterelles, vivant à l'écart dans le désert, a priori aux alentours de la Mer Morte, au sud de Jéricho, il a dit, en voyant arriver Jésus près du Jourdain : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde ».

Jean 1, 29

 

Il a baptisé Jésus (qui n'en avait pas besoin mais a souhaité agir comme un homme lambda) sur les bords du Jourdain et a même laissé ses propres disciples se joindre au Fils de Dieu. Parachevant cette humble attitude, il a dit : « Lui [Jésus], il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » Jean 3, 30

 

Jean le Baptiste, qui n'avait pas la langue dans sa poche et n'hésitait pas à dire à chacun ce qui était contraire aux commandements de Dieu, paiera le prix fort pour sa franchise. Le roi Hérode Antipas, pris au piège de ses propres paroles inconsidérées dues à sa concupiscence pour Salomé, la fille de sa maîtresse Hérodiade, puis enveloppé dans son orgueil qui l'empêchera de faire machine arrière, ordonnera que l'on coupe la tête de Jean le Baptiste. Salomé l'apportera sur un plat à sa mère Hérodiade, cette dernière étant ravie d'avoir pu assouvir sa vengeance : le Baptiste soulignait avec trop d'insistance sa condition de pécheresse, puisque, mariée à un autre, elle était la maîtresse publique d'Hérode Antipas.

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Du Baptiste, Jésus dira : « Je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. » (Luc 7, 28)

Le Saint Esprit descend sur Jésus

Salomé en images

Gustave Moreau Salomé danse devant Hérode

Salomé dansant devant Hérode, par Gustave Moreau

Gustave Moreau, Salomé porte la tête de Jean Baptiste dans un plat

Salomé portant la tête de Jean Baptise sur un plat, par Gustave Moreau

Gustave Moreau, L'Apparition, la tête de Jean Baptiste apparaît à Hérode
Jean Sala, Salomé

Salomé, par Jean Sala

L'Apparition, par Gustave Moreau

Extraits d'Évangiles
sur le thème de Jean Baptiste

Naissance de Jean Baptiste

Naissance de Jean Baptiste

(Lc 1, 57-66)

 

« Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. » 

 

Personne ne s'attendait à cela: une vieille femme avec un bébé magnifique ! et dans la maison d'Élisabeth tout le village défilait. On voulait voir l'enfant, féliciter le vieux couple, et les plus clairvoyants, se souvenant des Écritures, se disaient : "Vraiment, rien n'arrête le Seigneur, que ce soit la vieillesse ou la stérilité".

Ni les voisins ni la famille n'auraient voulu manquer la fête du huitième jour. L'atmosphère était à la joie, à la jeunesse, au renouveau. Une seule ombre au tableau: Zacharie était toujours muré dans son silence.

Il avait douté de la puissance de Dieu ; et à l'Ange qui lui annonçait une naissance prochaine, il avait répondu : "Qu'est-ce qui m'en assurera ?". Comme si la parole de Dieu ne suffisait pas, il avait demandé un signe... et le signe était venu, inattendu, décevant, étrange : une impuissance à communiquer.

Dès qu'un croyant décroche du niveau de la foi, dès qu'il quitte le terrain de la Promesse, dès qu'il commence à contester l'initiative de Dieu, il n'a plus de parole à faire entendre à ses frères ; dès lors qu'il refuse ce que Dieu lui dit, il n'a plus rien à dire au nom de Dieu.

De là viennent souvent les mutismes dans l'Église : on comptait sur telle homme, sur telle femme, et ils sont tout à coup devenus muets. Pour n'avoir pas accueilli telle parole de Dieu, ils ont perdu leur propre parole; pour avoir trouvé invraisemblable l'espérance que Dieu leur offrait, ils se sont coupés de la joie réservée aux cœurs pauvres.

Mais après le doute vient le moment de la foi, et Zacharie, en griffonnant sur sa tablette, appuie de toute son autorité la résolution d'Élisabeth : l'enfant s'appellera, non pas Zacharie, comme son père, mais Jean.

Ce qui est en cause ici, ce n'est pas tellement la signification des deux noms, car les deux sont aussi beaux et aussi profonds l'un que l'autre. Zakar-yah, "Dieu s'est souvenu", et Yô-hânan, "Dieu a fait grâce", ce sont, au fond, deux noms équivalents, car pour Dieu, se souvenir, c'est faire grâce, c'est prolonger sa grâce, et quand Dieu fait grâce, c'est toujours dans l'axe d'une promesse, et donc dans l'axe du souvenir.

La différence est ailleurs : Zacharie serait le nom donné par un homme, le nom d'un père humain et le rappel d'une lignée humaine ; tandis que Yôhânan est le nom que Dieu a donné, une sorte de nom-programme pour la vie du Précurseur.

Ainsi le bébé s'appellera Jean, et Zacharie le vieux prêtre se rallie au programme de Dieu. Le Seigneur lui-même a nommé l'enfant du vieil homme, et c'est là qu'est tout le mystère. Lors de la création, selon la théologie imagée de la Genèse, Dieu avait demandé  à l'homme de nommer tous les êtres qui formaient son monde; et voilà qu'à l'inverse Dieu se réserve de nommer certains enfants des hommes, ceux sur qui d'avance il pose sa main.

Ainsi en va-t-il de nos créations, de nos œuvres, de nos projets de vie. À quoi servirait-il de vouloir à tout prix leur donner un nom d'homme, quand Dieu lui-même les garde sous sa main pour leur donner en temps voulu un nom connu de lui seul ?

Si Dieu notre Père a déjà fait tant de merveilles dans notre pauvreté, s'il parvient à susciter malgré tout la vie dans la terre stérile de notre amour, comment ne pas lui faire confiance jusqu'au bout ? C'est peut-être le geste filial que Dieu attend de nous pour nous rendre la parole, pour faire de chacun de nous un vrai témoin de sa miséricorde.

Jean Baptiste prêchant au Jourdain

« Rendez droits les sentiers du Seigneur »

(Mc 1, 1-8)

« Tu es mon Fils bien-aimé ;

en toi, je trouve ma joie »

(Mc 1, 7-11)

 

« Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

 

En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

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La prédication de Jean Baptiste avait suscité en Israël un formidable élan de conversion.

Tous ceux et toutes celles qui se décidaient à changer de vie et à faire à Dieu toute sa place venaient se plonger dans les eaux du Jourdain en signe de renouveau intérieur.

Jésus, volontairement, a voulu rejoindre l'élite de son peuple, non pas l'élite du pouvoir, de l'aisance et de la culture, mais une élite de la foi et de la confiance en Dieu.

C'est pourquoi, bien que sans péché, il est venu se faire baptiser par Jean.

Il a donc inauguré sa vie publique par un acte d'humilité et de solidarité avec les hommes qu'il venait sauver, et c'est ce moment que Dieu a choisi pour manifester sa solidarité avec son Fils.

En remontant de l'eau, Jésus voit le ciel se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre vers lui.

Au même instant, accompagnant ce vol de l'Esprit qui le désignait, une voix partie du ciel, la voix de Dieu, se fit entendre : "C'est toi mon Fils, le Bien-aimé, en toi j'ai mis ma faveur".

Jésus qui entend, le Père qui parle, l'Esprit qui descend :

Dès la première page de l'Évangile, c'est la Trinité sainte qui se manifeste, et c'est le mystère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, qui commence à se révéler.

Au moment même où Jésus s'humilie et veut se faire frère parmi des frères, Dieu le Père le fête comme son Fils, son Bien –Aimé, celui en qui il se reconnaît et se complaît.

Toutes proportions gardées, c'est bien cette grâce filiale que nous vivons lorsque nous laissons faire Dieu : dès que, loyalement, nous cherchons la route de l'humilité, dès que nous vivons une vraie solidarité avec nos frères et sœurs, Dieu nous fait fête comme à son bien-aimé.

Cette page de l'Évangile de Marc est l'une des toutes premières écrites à propos de Jésus ; la lettre de Jean est au contraire l'une des dernières œuvres du Nouveau Testament.

Elle reprend, à sa manière, le thème du baptême de Jésus, mais à la lumière de sa mort qui nous donne la vie.

La pensée est un peu difficile à suivre, comme si nous n'avions en fait que des notes prises au cours d'une causerie d'un Apôtre.

"Qui est le vainqueur du monde (c'est-à-dire des forces du refus), dit cette lettre de Jean, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?"

Être chrétien, en effet, ce n'est pas seulement croire que Dieu existe et qu'il peut tout, mais qu'il a agi et veut agir par son propre Fils venu parmi nous.

"C'est lui, poursuit Jean, qui est venu par l'eau et le sang, Jésus Christ, non pas avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang".

Non seulement il est venu à nous et nous a prouvé sa solidarité par l'eau de son Baptême, mais il vient encore à nous et nous prouve son amour par l'eau et le sang qui ont jailli, sur la croix, de son côté ouvert par la lance.

Cette eau et ce sang n'ont été versés qu'une fois, mais en un sens ils continuent de jaillir chaque jour dans l'Église, car ils préfiguraient l'eau de notre baptême et le sang de la coupe pour nos Eucharisties.

C'est de cela que l'Esprit Saint témoigne aujourd'hui dans l'Église : c'est tout le mystère de Jésus qui nous sauve, de Noël au Cénacle, du Baptême à la Croix ; et le Jourdain qui nous baptise, c'est le fleuve d'eau vive, c'est l'Esprit Saint qui a jailli pour nous de la mort glorifiante de Jésus.

Jésus assis

« C’est lui qui vient derrière moi »

(Jn 1, 19-28)

 

« Voici le témoignage de Jean le Baptiste, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait. »

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 Le premier jour, le Baptiste témoigne sur lui-même, et dit ce qu'il n'est pas. Le deuxième jour, son témoignage concernera Jésus ; le troisième jour, enfin, Jean-Baptiste enverra ses propres disciples suivre Jésus.

Nous retrouvons ainsi la même progression que dans le Prologue, où il était dit, à propos du Baptiste, qu'il n'était pas la lumière, qu'il devait rendre témoignage à la lumière, et que par lui tous devaient venir à la foi.

L'Évangile aujourd'hui nous rapporte donc le tout premier témoignage du Baptiste. Puisqu'il se permet de baptiser, on lui envoie de Jérusalem des spécialistes en matière de purification, des prêtres et des lévites. "Qui es-tu ?", demandent les émissaires, c'est-à-dire : "Quel rôle revendiques-tu ?" Et Jean de répondre, en quelque sorte : "Je ne m'identifie avec aucun des personnages eschatologiques que vous avez en tête."

À l'époque de Jésus, vous le savez, une majorité de Juifs attendaient un Messie royal, fils de David ; mais certains escomptaient une intervention directe de Dieu, sans Messie terrestre. D'autres reportaient toutes leurs espérances sur le Fils de l'Homme décrit par Daniel. Enfin les Esséniens de Qumran attendaient pour la fin des temps à la fois un prophète, un messie-roi et un messie-prêtre.

On comprend la perplexité des autorités de Jérusalem ! En baptisant, Jean faisait œuvre eschatologique ; son message annonçait l'intervention de Dieu ; les foules commençaient à affluer vers lui. De plus son terrain d'action n'était guère éloigné du centre essénien de la Mer Morte, et Jérusalem se méfiait toujours des Esséniens ...

À l'enquête, Jean répond clairement : "Je ne suis pas le Messie, le roi messianique que beaucoup attendent". Et il ajoute : "Je ne suis pas Élie". Depuis le retour de l'exil, en effet, on s'attendait qu'Élie revienne, avant le Jour du Seigneur, pour appeler une dernière fois les hommes à la conversion. Or Jean portait le même manteau qu'Élie, et la rudesse de son message rappelait celle de l'ancien prophète. Mais Jean est catégorique : il n'est pas Élie, et il n'a pas conscience d'en remplir le rôle. De fait, c'est Jésus qui, dans l'Évangile de Matthieu (11,14) identifie Jean-Baptiste à Élie, et la théologie des premiers chrétiens a bien situé Jean de la même manière : pour elle, Jean-Baptiste a rempli par rapport à Jésus la mission prévue pour Élie lors de la venue du Seigneur.

Mais les enquêteurs insistent : "Es-tu le Prophète ?" Dans leur esprit, il s'agit d'un prophète "tel que Moïse", dont la tradition juive lisait l'annonce dans le Deutéronome (18,15). Jean ne se reconnaît pas non plus dans ce personnage trop glorieux.

À ses propres yeux, il n'est qu'une voix. Non pas un visage bien typé, ni un des héros attendu par Israël, mais rien qu'une voix dans le désert, qui crie inlassablement : "Aplanissez le chemin du Seigneur !" C'était déjà le message du prophète de la consolation d'Israël : il fallait préparer une route toute droite pour le Seigneur, qui allait marcher à la tête de son peuple et le ramener de Babylone. Mais cette fois le peuple est immobile, esclave sur place, dans son propre pays, de son propre péché ; et c'est Dieu seul qui marche et qui vient.

Dans notre monde contemporain, écrasé par tant de servitudes, dans l'Église d'aujourd'hui, qui trouve si difficilement les chemins de la vraie liberté, le témoin de Jésus, lui non plus, ne revendique pas une mission de prestige. Il n'est qu'une voix, mais une voix qu'on peut entendre encore parce que c'est la voix du désert, une voix qui redit inlassablement, de la part de Dieu, en ce temps de crise, c'est-à-dire de discernement et de décision : "Consolez, consolez mon peuple. Préparez la route. Voici votre Dieu !"

Oui, Dieu vient ; il est déjà là en son Fils, et toute la mission du baptisé, confirmé dans l'Esprit, est de rendre témoignage à ce Messie, caché au cœur de notre histoire, et de redire, avec l'humilité mais aussi avec l'insistance du Précurseur : "Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas !"

Jean Baptiste, une voix qui crie dans le désert

« Convertissez-vous,

car le royaume des Cieux

est tout proche »

(Mt 3, 1-12)

 

« En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » 

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Comme Marc et Luc, Matthieu commence son récit de la vie publique de Jésus en décrivant le ministère de Jean le "Baptiseur". "En ces jours-là paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée: Convertissez-vous, car le Règne des cieux est là !"

Le langage de Jean est celui de l'authenticité et de l'effort : "Convertissez-vous," proclame-t-il. Et c'est tout un programme de vie spirituelle. Car la conversion ce n'est pas seulement un changement de mentalité, mais toute une démarche vers Dieu. On imagine souvent que la conversion, c'est un instant privilégié dans une existence. C'est beaucoup plus que cela. C'est toute une vie qui part d'un instant de rencontre. La conversion, c'est un événement, mais plus encore un cheminement. Un retournement, certes, mais surtout un retour, qui dure toute la vie. Car il ne s'agit pas seulement d'un remords passager, qui ramène l'homme sur lui-même ou sur ses fautes, mais d'un pèlerinage d'amour, qui ramène l'homme vers Quelqu'un, vers Celui qui appelle, vers le Règne de Dieu, c'est-à-dire vers le Dieu qui crée la paix et la joie.

Si l'on se convertit, c'est parce que "le Règne de Dieu est là", littéralement : "parce que le Règne de Dieu s'est rendu proche" définitivement. Le Règne de Dieu (des cieux), c'est l'établissement sur la terre, de l'autorité souveraine de Dieu, c'est, si l'on veut, la réalisation de son plan de salut. Ce Règne de Dieu est là ("il vous a atteints", dira Jésus (Mt 12, 28), parce que le Messie est là, qu'il s'est rendu tout proche, pour toujours. Et la rencontre de l'Envoyé de Dieu, personnellement, en foyer, en fraternité, en communauté, c'est la grande affaire d'une vie, c'est le moment à ne pas manquer, c'est le cheminement à ne pas refuser.

Puis Matthieu revient au message du Baptiste, et spécialement à sa sévérité envers les Pharisiens et les Sadducéens : "Engeance de vipères"… autrement dit " : Vous ne produisez que des œuvres de mort". Certes, ils viennent "en grand nombre" mais Jean ne veut pas que l'on se fasse baptiser uniquement par snobisme. "Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion" : Dieu, en effet, ne se contentera pas de simples sentiments ni de pratiques purement extérieures : il veut des actes concrets, qui engagent l'homme tout entier. La foi elle-même doit se purifier de toute recherche de facilité : "N'allez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père !" Selon la doctrine juive courante, Israël profitait des mérites d'Abraham, mais, pour le Baptiste, compter sur ces mérites-là serait encore s'appuyer sur un privilège religieux : la conversion serait incomplète. Les vrais enfants d'Abraham sont tous ceux, (Israélites ou non), qui imitent sa foi et son engagement total dans le projet de Dieu.

A travers les Pharisiens et les Sadducéens, c'est nous qui sommes pris à partie par le Précurseur. Car nous aussi sommes menacés par la routine, et nos retours vers le Seigneur restent trop souvent des engouements passagers. Nous aussi, nous risquons de nous sécuriser par les gestes religieux que nous posons ou par les idées que nous défendons, sans nous soucier suffisamment de porter du fruit par une vraie conversion du cœur et de l'intelligence.

Mais combien plus puissante pour notre cœur est la promesse que Jean nous apporte et nous redit de la part de Dieu : "Le Messie vous baptisera dans l'Esprit et le feu". Oui, Jésus qui vient va nous plonger, si nous le voulons, dans l'Esprit et le feu, dans l'Esprit qui est feu.

Toutes les scories de notre intelligence et de notre affectivité, ce qui est en nous opaque à la grâce, rétif à la charité, tout ce qui nous rend sourds et aveugles, le feu de l'Esprit l'emportera, parce qu'il vient nous purifier.

Mais en même temps, tous nos désirs impuissants de servir le Règne de Dieu, toutes nos espérances de pauvres, tous nos deuils assumés, toutes nos solitudes offertes, l'Esprit va les transformer en sa propre flamme, la flamme de Dieu, qui donne au monde lumière et chaleur.

Celui que j'ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité

« Celui que j’ai fait décapiter,

Jean, le voilà ressuscité ! »

(Mc 6, 14-29)

 

« En ce temps-là, comme le nom de Jésus devenait célèbre, le roi Hérode en entendit parler. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. » Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. » Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! » Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse. En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée. La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. » Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. » Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison. Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau. »

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Pour pénétrer dans cet épisode de l'Évangile, suivons, l'un après l'autre, les personnages du drame.

La jeune danseuse nous apparaît comme une simple exécutante, sans caractère, sans idées, sans profondeur. Tout son désir est de plaire, et elle ne vit que dans le regard des autres. En dehors de sa danse, elle ne sait rien, ne cherche rien, ne pense rien. Toute son ambition se résume en un mot : plaire. Elle danse, elle plaît à tous, et cela lui suffit. L'image qu'elle a d'elle-même, c'est celle qu'elle voit dans les yeux des convives. Pour elle, vivre, c'est exister dans le désir des autres. Tout le reste, pour elle, est du vide, et quand Hérode veut la récompenser, elle se trouve sans idée, sans souhait, sans projet, totalement identifiée à la passion de sa mère à qui elle s'en remet : "Que vais-je demander ?"

Hérodiade, sa mère, elle, est une femme de tête. Elle sait ce qu'elle veut, et elle le veut froidement, par tous les moyens. Elle ne pouvait espérer une si belle occasion d'assouvir sa vengeance, et c'est elle qui va transformer la fête en crime abject.

En comparaison, Hérode paraît plus complexe, et moins sordide. Depuis longtemps il joue avec la vérité : il reconnaît en Jean-Baptiste un homme juste, mais il le laisse en prison ; il aime à l'entendre, mais reste toujours indécis. Et parce que c'est un faible, il va céder sur toute la ligne et se laisser entraîner par l'engrenage du crime. Il est faible devant la danseuse, et se laisse aller à des promesses démesurées. Il est faible devant la décision d'Hérodiade. Puis sa fierté l'empêche de se dédire devant les convives. Marche par marche, il descend jusqu'au fond du péché : péché des sens, péché d'orgueil, péché de cruauté.

Quant à Jean le Baptiste, il est muet d'un bout à l'autre du récit. Il a parlé avant, avec courage, et il s'est retrouvé au fond d'un cachot. Et cette mort dans l'ombre, cette mort en silence, est le plus beau couronnement de son œuvre. Il voulait s'effacer totalement pour laisser place à Jésus ; il sera son Précurseur jusque dans la mort.

Frères et sœurs, comme Jean-Baptiste nous sommes dans les mains de Dieu, et un jour, un jour que Lui connaît, il disposera de notre mort pour sa plus grande gloire, et ce sera le sommet de notre réponse d'amour. Que dès aujourd'hui, "rien que pour aujourd'hui", il dispose de notre vie, de la liberté qu'il nous a donnée et avec laquelle, avec joie, nous lui répondons : "Oui, Seigneur

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